L’âge va m’ébréchant, dent par dent, jour à jour,
Et cheveu par cheveu m’épile de sa pince.
Siège long et sournois ! — Un arc cruel et mince
Décime mes espoirs paradant sur la tour.
Terrasses, d’où j’ai vu venir à moi l’Amour
Sous la housse orfévrée et le manteau d’un prince,
Adieu ! L’hiver durcit l’arrogante province
Au pas de l’exilé, dont le souffle est plus court.
Je croise le dédain des Amantes ; qu’importe ?
N’ai-je pas pour m’aimer encor mes chères Mortes,
Qui baisent sans dégoût mes lèvres d’autrefois ?
Vers la mer ténébreuse irrué comme un fleuve,
Si mon regret regarde en arrière je vois
Les Muses rebâtir mon nom de briques neuves.