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L’ANCÊTRE DE VARD

(Hommage au poète d’Aubevoye).
I

L’aïeul Gallois fut un de ces rudes archers
Que le Plantagenêt contre nos vieilles bandes,
Par le val angevin et la plaine normande,
Alliés peu sûrs, ruait de leurs âpres rochers.

Chasseur d’aigles, promu chasseur de gentilshommes,
Il envoyait sa flèche au défaut de l’armet
Téter le cou du Comte, et le Comte pâmait.
Et les têtes de ducs roulaient comme des pommes.

Il était haut perché sous son casque de cuir.
Sa jambe héronnière et gantée au plus juste
Faisait valoir l’ampleur de l’épaule et du buste.
Il regardait les rois tourner bride et s’enfuir.

Qu’aille au Saxon le gain de la victoire fourbe ;
Mais pour l’Archer l’image émouvante des bras
Qui battent l’air, les grands chevaux cabrés là-bas,
Et les roses de sang éclatant aux cols courbes.