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ROSSIGNOL

Les velours fastueux du soir drapent le fût
Bleuissant des vieux ormes ;
Et les bois apaisés ont des soupirs confus
De femmes qui s’endorment.

Réveillez-vous, Dryade et Nymphe ! Éveille-toi,
Âme lourde et fanée,
Car tu vas retrouver ce soir le jeune émoi
De ta seizième année.

Déjà l’ombre tressaille, et le lyrique oiseau,
Aussitôt qu’il prélude,
Fait jaillir une source et trembler un roseau
Dans le cœur le plus rude.

Mais, aux Muses sacré, crains de troubler ce lieu
Et la branche fidèle
Où revient chaque nuit se révéler un dieu,
Et se cacher une aile.