Page:Féret - L’Arc d’Ulysse, 1919.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Pâlissent ! L’essai de la corde fidèle
Rend un son strident comme un cri d’hirondelle.
Mais ores que soient à ces faces félonnes
Les flèches, aiglonnes !

Les jeux sans péril, Antinoüs, sont clos.
Ta lèvre flairait un doux vin de Chios ;
Et que ta pensée était loin de la mort
Sur la coupe d’or !

Tombe ! qu’un sang noir élargisse les flaques
De vin rose. Tombe aussi, lâche Eurymaque,
Qui d’une rançon crus écarter le geste
Des Parques funestes.

Qu’un rubis éclate en l’ivoire du cou.
Les traits durs ont faim comme la dent du loup.
Et, plantés de dards, les Chefs semblent des faons
Qu’affolent les taons.

Et toujours l’arc tinte. Et les flèches mortelles
Sifflent. Et la mort hurle, gémit, ou bèle.
Mais au doux chanteur Phémios, s’il embrasse
Tes genoux, fais grâce,

Ô toi qui combats toujours pour la beauté,
Qui sus par le verbe et le fer racheter
Pénélope, comme aux rivages sanglants
Hélène aux bras blancs.