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Quand il libère au bois subtil l’âme du feu,
L’homme a vu passer dans la flamme aiguë et torse
Les chiens de soufre et les vautours au rostre bleu,
Formes captives qui mordent, crient, et s’efforcent,

Formes souffrantes de son tragique destin.
Mais le rû ni le feu n’ont conté le mystère
De la Face qui ne coule ni ne s’éteint :
Longtemps le couple songe au fixe sagittaire.

En eux l’Image a suscité de la beauté.
Devant l’idéaliste humanité qui rêve
A tressailli la carnassière humanité.
Et le burin qui crée émeut l’épieu qui crève.

Oh ! dans la nouveauté de la terre, celui
Qui le premier rôda sans arc sur les collines,
L’hôte et non l’assassin des sous-bois bleus, où luit
De la plume ocellée et des fuites félines.

Doux chasseur, dont la proie est le mystérieux
Et le fugace de la Plante et de la Bête,
Dont un goût patient longtemps plisse les yeux
Pour limiter le Beau de frontières secrètes !

Demain va voir éclos l’univers cérébral,
Où l’Art avec ses choix très tendres purifie
La nature, étendant ton domaine ancestral
Hors du terrain de chasse et de ta propre vie.