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Richelieu. — Je ne puis plus souffrir votre insolence.




LXXIV

LES CARDINAUX DE RICHELIEU ET MAZARIN


Caractères de ces deux ministres. Différences entre la vraie et la fausse politique.


Richelieu. — Hé ! vous voilà, seigneur Jules ! On dit que vous avez gouverné la France après moi. Comment avez-vous fait ? Avez-vous achevé de réunir toute l’Europe contre la maison d’Autriche ? Avez-vous renversé le parti huguenot, que j’avais affaibli ? Enfin avez-vous achevé d’abaisser les grands ?

Mazarin. — Vous aviez commencé tout cela ; mais j’ai eu bien d’autres choses à démêler ; il m’a fallu soutenir une régence orageuse.

Richelieu. — Un roi inappliqué et jaloux du ministre même qui le sert donne bien plus d’embarras dans le cabinet que la faiblesse et la confusion d’une régence. Vous aviez une reine assez ferme et sous laquelle on pouvait plus facilement mener les affaires que sous un roi épineux qui était toujours aigri contre moi par quelque favori naissant. Un tel prince ne gouverne ni ne laisse gouverner. Il faut le servir malgré lui, et on ne le fait qu’en s’exposant chaque jour à périr. Ma vie a été malheureuse par celui de qui je tenais toute mon