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crédule sur les horoscopes, faut-il s’étonner qu’une femme l’ait été aussi ? Ce qu’il y a de vrai et de plaisant, c’est que, dans l’affaire la plus sérieuse et la plus importante de toute l’Europe, nous nous déterminions de part et d’autre, non sur les vraies raisons de l’affaire, mais sur les promesses de nos astrologues. Je ne voulais point revenir, parce qu’on me faisait toujours attendre la mort du roi ; et vous, de votre côté, vous ne craigniez point de tomber dans mes mains ou dans celles de Monsieur à la mort du roi, parce que vous comptiez sur l’horoscope qui vous répondait de la naissance d’un dauphin. Quand on veut faire le grand homme, on affecte de mépriser l’astrologie ; mais, quoiqu’on fasse en public l’esprit fort, on est curieux et crédule en secret.

Richelieu. — C’est une faiblesse indigne d’une bonne tête. L’astrologie est la cause de tous vos malheurs, et a empêché votre réconciliation avec le roi. Elle a fait autant de mal à la France qu’à vous ; c’est une peste dans toutes les cours. Les biens qu’elle promet ne servent qu’à enivrer les hommes, et qu’à les endormir par de vaines espérances ; les maux dont elle menace ne peuvent point être évités par la prédiction, et rendent par avance une personne malheureuse. Il vaut donc mieux ignorer l’avenir, quand même on pourrait en découvrir quelque chose par l’astrologie.

Marie. — J’étais née Italienne, et au milieu des horoscopes. J’avais vu en France des prédictions véritables de la mort du roi mon mari.

Richelieu. — Il était aisé d’en faire. Les restes d’un dangereux parti songeaient à le faire périr. Plusieurs parricides avaient déjà manqué leur