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établi la Sorbonne comme mon université d’Alcala de Hénarès, et même profité de la faveur de la reine Marie de Médicis, comme je fus élevé par celle d’Isabelle de Castille.

Richelieu. — Il est vrai qu’il y a entre nous certaines ressemblances que le hasard a faites : mais je n’ai envisagé aucun modèle ; je me suis contenté de faire les choses que le temps et les affaires m’ont offertes pour la gloire de la France. D’ailleurs nos conditions étaient bien différentes. J’étais né à la cour ; j’y avais été nourri : dès ma plus grande jeunesse, j’étais évêque de Luçon et secrétaire d’État, attaché à la reine et au maréchal d’Ancre. Tout cela n’a rien de commun avec un moine obscur et sans appui, qui n’entre dans le monde et dans les affaires qu’à soixante ans.

Ximénès. — Rien ne me fait plus d’honneur que d’y être entré si tard. Je n’ai jamais eu de vues d’ambition, ni d’empressement ; je comptais d’achever dans le cloître ma vie déjà bien avancée. Le cardinal de Mendoza, archevêque de Tolède, me fit confesseur de la reine ; la reine, prévenue pour moi, me fit successeur de ce cardinal pour l’archevêché de Tolède, contre le désir du roi, qui voulait y mettre son bâtard ; ensuite je devins le principal conseil de la reine dans ses peines à l’égard du roi. J’entrepris la conversion de Grenade, après que Ferdinand en eut fait la conquête. La reine mourut. Je me trouvai entre Ferdinand et son gendre Philippe d’Autriche. Je rendis de grands services à Ferdinand après la mort de Philippe. Je procurai l’autorité au beau-père. J’administrai les affaires, malgré les grands, avec vigueur. Je fis ma conquête d’Oran, où j’étais en personne,