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l’Espagne n’aura plus ni grand capitaine ni génie élevé dans les négociations, ni discipline militaire, ni bonne police dans les peuples. Ce roi, toujours caché et toujours impraticable comme les rois de l’Orient, abattra le dedans de l’Espagne et soulèvera les nations éloignées qui dépendent de cette monarchie. Ce grand corps tombera de lui-même, et ne servira plus que d’exemple de la vanité des trop grandes fortunes. Un État réuni et médiocre, quand il est bien peuplé, bien policé, bien cultivé pour les arts et pour les sciences utiles ; quand il est d’ailleurs gouverné selon ses lois, avec modération, par un prince qui rend lui-même la justice et qui va lui-même à la guerre, promet quelque chose de plus heureux qu’une vaste monarchie qui n’a plus de tête pour réunir le gouvernement. Si vous ne voulez pas m’en croire, attendez un peu ; nos arrière-neveux vous en diront des nouvelles.

Charles. — Hélas ! je ne prévois que trop la vérité de vos prédictions. La prévoyance de ces malheurs, qui renverseront tous mes ouvrages, m’a découragé et m’a fait quitter l’empire. Cette inquiétude troublait mon repos dans ma solitude de Saint-Just.