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sciences ; j’ai mérité d’être immortalisé par les gens de lettres ; j’ai fait revivre le siècle d’Auguste au milieu de ma cour. J’y ai mis la magnificence, la politesse, l’érudition et la galanterie : avant moi tout était grossier, pauvre, ignorant, gaulois. Enfin je me suis fait nommer le père des lettres.

Louis. — Cela est beau, et je ne veux point en diminuer la gloire ; mais j’aimerais encore mieux que vous eussiez été le père du peuple que le père des lettres. Avez-vous laissé les Français dans la paix et dans l’abondance ?

François. — Non ; mais mon fils, qui est jeune, soutiendra la guerre, et ce sera à lui à soulager enfin les peuples épuisés. Vous les ménagiez plus que moi ; mais aussi vous faisiez faiblement la guerre.

Louis. — Vous l’avez donc faite sans doute avec de grands succès. Quelles sont vos conquêtes ? Avez-vous pris le royaume de Naples ?

François. — Non, j’ai eu d’autres expéditions à faire.

Louis. — Du moins vous avez conservé le Milanais ?

François. — Il m’est arrivé bien des accidents imprévus.

Louis. — Quoi donc ? Charles-Quint vous l’a enlevé ? Avez-vous perdu quelque bataille ? Parlez… vous n’osez tout dire.

François. — J’y fus pris dans une bataille à Pavie.

Louis. — Comment ! pris ? Hélas ! en quel abîme s’est-il jeté par de mauvais conseils !… C’est donc ainsi que vous m’avez surpassé à la guerre ! Vous avez plongé la France dans les malheurs qu’elle souffrit sous le roi Jean. Ô pauvre France, que je te