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des autres, la sienne n’a plus un quart d’heure d’assuré.

Charles. — Eh bien ! mon cousin, nous avons tous deux tort. Je n’ai pas été assassiné à mon tour comme vous, mais j’ai souffert d’étranges malheurs.




LVII

LOUIS XI ET LE CARDINAL BESSARION


Un savant qui n’est pas propre aux affaires vaut encore mieux qu’un esprit inquiet et artificieux qui ne peut souffrir ni la justice ni la bonne foi.


Louis. — Bonjour, monsieur le cardinal. Je vous recevrai aujourd’hui plus civilement que quand vous vîntes me voir de la part du pape. Le cérémonial ne peut plus nous brouiller ; toutes les ombres sont ici pêle-mêle et incognito ; les rangs sont confondus.

Bessarion. — J’avoue que je n’ai pas encore oublié votre insulte, quand vous me prîtes par la barbe, dès le commencement de ma harangue.

Louis. — Cette barbe grecque me surprit, et je voulais couper court pour la harangue, qui eût été longue et superflue.

Bessarion. — Pourquoi cela ? Ma harangue était des plus belles : je l’avais composée sur le modèle d’Isocrate, de Lysias, d’Hypéride et de Périclès.

Louis. — Je ne connais point tous ces messieurs-