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Parrhasius. — Je ne suis pas encore content. Qu’avez-vous mis derrière toute cette ville ?

Poussin. — C’est un lointain où l’on voit des montagnes escarpées et assez sauvages. Il y en a une, derrière ces beaux temples et cette pompe si riante dont je vous ai parlé, qui est un roc tout nu et affreux. Il m’a paru que je devais faire le tour de la ville cultivé et gracieux, comme celui des grandes villes l’est toujours. Mais j’ai donné une certaine beauté sauvage au lointain, pour me conformer à l’histoire, qui parle de l’Attique comme d’un pays rude et stérile.

Parrhasius. — J’avoue que ma curiosité est bien satisfaite ; et je serais jaloux pour la gloire de l’antiquité, si on pouvait l’être d’un homme qui l’a imitée si modestement.

Poussin. — Souvenez-vous au moins que si je vous ai longtemps entretenu de mon ouvrage, je l’ai fait pour ne vous rien refuser, et pour me soumettre à votre jugement.

Parrhasius. — Après tant de siècles vous avez fait plus d’honneur à Phocion que sa patrie n’aurait pu lui en faire le jour de sa mort par de somptueuses funérailles. Mais allons dans ce bocage ici près, où il est avec Timoléon et Aristide, pour lui apprendre de si agréables nouvelles.