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simplicité, à remonter jusque vers les temps héroïques ; et sa magnificence dans les siècles suivants, où les arts y ont fleuri. Ainsi j’ai fait beaucoup d’édifices ou ronds ou carrés, avec une architecture régulière ; et beaucoup d’autres qui sentent cette antiquité rustique et guerrière. Tout y est d’une figure bizarre : on ne voit que tours, que créneaux, que hautes murailles, que petits bâtiments inégaux et simples. Une chose rend cette ville agréable, c’est que tout y est mêlé de grands édifices et de bocages. J’ai cru qu’il fallait mettre de la verdure partout, pour représenter les bois sacrés des temples, et les arbres qui étaient soit dans les gymnases ou dans les autres édifices publics. Partout j’ai tâché d’éviter de faire des bâtiments qui eussent rapport à ceux de mon temps et de mon pays, pour donner à l’antiquité un caractère facile à reconnaître.

Parrhasius. — Tout cela est observé judicieusement. Mais je ne vois point l’Acropolis. L’avez-vous oublié ? ce serait dommage.

Poussin. — Je n’avais garde. Il est derrière toute la ville, sur le sommet de la montagne, laquelle domine tout le coteau en pente. On voit à ses pieds de grands bâtiments fortifiés par des tours. La montagne est couverte d’une agréable verdure. Pour la citadelle, il paraît une assez grande enceinte avec une vieille tour qui s’élève jusque dans la nue. Vous remarquerez que la ville, qui va toujours en baissant vers le côté gauche, s’éloigne insensiblement, et se perd entre un bocage fort sombre, dont je vous ai parlé, et un petit bouquet d’autres arbres d’un vert brun et enfoncé, qui est sur le bord de l’eau.