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tu ne la regardes que comme le parti de Sylla ? De bonne foi, tu étais demeuré seul contre tous les Romains. Mais enfin, tu trompais ces pauvres barbares par des mystères de religion.

Seriorius. — Il est vrai ; mais comment faire autrement avec les sots ? Il faut bien les amuser par des sottises, et aller à son but. Si on ne leur disait que des vérités solides, ils ne les croiraient pas. Racontez des fables, flattez, amusez, grands et petits courent après vous.




XLVIII

LE JEUNE POMPÉE ET MÉNAS, AFFRANCHI DE SON PÈRE


Caractère d’un homme qui, n’aimant pas la vertu pour elle-même, n’est ni assez bon pour ne vouloir pas profiter d’un crime, ni assez méchant pour vouloir le commettre.


Ménas. — Voulez-vous que je fasse un beau coup ?

Pompée. — Quoi donc ? Parle. Te voilà tout troublé ; tu as l’air d’une sibylle dans son antre, qui écume, qui étouffe, qui est forcenée.

Ménas. — C’est de joie. Oh ! l’heureuse occasion ! Si c’était mon affaire, tout serait déjà achevé. Le voulez-vous ? Un mot : oui ou non.

Pompée. — Quoi ? Tu ne m’expliques rien, et