sant. Il n’y a qu’à dépenser, les richesses nous viennent comme un torrent.
XLVI
CICÉRON ET AUGUSTE
Auguste. — Bonjour, grand orateur. Je suis ravi de vous revoir ; car je n’ai pas oublié toutes les obligations que je vous ai.
Cicéron. — Vous pouvez vous en souvenir ici-bas, mais vous ne vous en souveniez guère dans le monde.
Auguste. — Après votre mort même je trouvai un jour un de mes petits-fils qui lisait vos ouvrages : il craignit que je ne blâmasse cette lecture, et fut embarrassé ; mais je le rassurai, en disant de vous : « C’était un grand homme, et qui aimait bien sa patrie. » Vous voyez que je n’ai pas attendu la fin de ma vie pour bien parler de vous.
Cicéron. — Belle récompense de tout ce que j’ai fait pour vous élever ! Quand vous parûtes, jeune et sans autorité, après la mort de Jules, je vous donnai mes conseils, mes amis, mon crédit.
Auguste. — Vous le faisiez moins pour l’amour de moi que pour contre-balancer l’autorité d’Antoine, dont vous craigniez la tyrannie.
Cicéron. — Il est vrai, je craignis moins un en-