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été souvent faible et vain, mais au moins j’étais meilleur pour ma patrie et moins injuste que toi.

César. — Tu fais grand cas de la justice sans l’avoir suivie. Pour moi, je crois que le plus habile homme doit se rendre le maître, et puis gouverner sagement.

Alexandre. — Je ne l’ai que trop cru comme toi. Éaque, Rhadamanthe et Minos m’en ont sévèrement repris, et ont condamné mes conquêtes. Je n’ai pourtant jamais cru, dans mes égarements, qu’il fallût mépriser la justice. Tu te trouves mal de l’avoir violée.

César. — Les Romains ont beaucoup perdu en me tuant ; j’avais fait des projets pour les rendre heureux.

Alexandre. — Le meilleur projet eût été d’imiter Sylla, qui, ayant été tyran comme toi, leur rendit la liberté ; tu aurais fini ta vie en paix comme lui. Mais tu ne peux me croire, et je t’attends devant les trois juges qui te vont juger.




XLV

POMPÉE ET CÉSAR


Rien n’est plus dangereux, dans un État libre, que la corruption des femmes et la prodigalité de ceux qui aspirent à la tyrannie.


Pompée. — Je m’épuise en dépenses pour plaire aux Romains, et j’ai bien de la peine à y parvenir.