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suis consolé de l’avoir perdue, quoique je n’aie point tant fait le brave. Vous vous en faites trop accroire, pour avoir fait en mourant ce qu’ont fait beaucoup d’esclaves avec autant de courage que vous.




XLIV

CÉSAR ET ALEXANDRE


Comparaison d’un tyran avec un prince qui, étant doué des qualités propres à faire un grand roi, s’abandonne à son orgueil et à ses passions.


Alexandre. — Qui est donc ce Romain nouvellement venu ? Il est percé de bien des coups. Ah ! j’entends qu’on dit que c’est César. Je te salue, grand Romain : on disait que tu devais aller vaincre les Parthes, et conquérir tout l’Orient ; d’où vient que nous te voyons ici ?

César. — Mes amis m’ont assassiné dans le sénat.

Alexandre. — Pourquoi étais-tu devenu leur tyran, toi qui n’étais qu’un simple citoyen de Rome ?

César. — C’est bien à toi à parler ainsi ! N’as-tu pas fait l’injuste conquête de l’Asie ? N’as-tu pas mis la Grèce dans la servitude ?

Alexandre. — Oui ; mais les Grecs étaient des