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XXXV

F. CAMILLUS ET FABIUS MAXIMUS


La générosité et la bonne foi sont plus utiles dans la politique que la finesse et les détours


Fabius. — C’est aux trois juges à nous régler pour le rang, puisque vous ne voulez pas me céder ; ils décideront, et je les crois assez justes pour préférer les grandes actions de la guerre punique, où la république était déjà puissante et admirée de toutes les nations éloignées, aux petites guerres de Rome naissante, pendant lesquelles on combattait toujours aux portes de la ville.

Camillus. — Ils n’auront pas grand’peine à décider entre un Romain qui a été cinq fois dictateur, quoiqu’il n’ait jamais été consul, qui a triomphé quatre fois, qui a mérité le titre de second fondateur de Rome, et un autre citoyen qui n’a fait que temporiser par finesse et fuir devant Annibal.

Fabius. — J’ai plus mérité que vous le titre de second fondateur ; car Annibal et toute la puissance des Carthaginois, dont j’ai délivré Rome, étaient un mal plus redoutable que l’incursion d’une foule de barbares que vous avez dissipée. Vous serez bien embarrassé quand il faudra comparer la prise de Véies, qui était un village, avec celle de la superbe et belliqueuse Tarente, cette seconde Lacédémone, dont elle était une colonie.

Camillus. — Le siège de Véies était plus important aux Romains que celui de Tarente. Il n’en