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nous vanter, pour nous défendre contre de tels ennemis ? Nous avons tous deux eu affaire à des gens très puissants. Vous aviez Philippe, roi de Macédoine, contre vous ; et moi, Marc-Antoine, qui depuis partagea l’empire avec Auguste en deux parties, et qui a eu, sans contredit, la plus belle et la plus florissante.

Démosthène. — Oui, mais lorsque vous avez parlé contre lui, il n’était que triumvir ; votre peuple vous regardait comme une merveille, et vous croyait. Moi, j’ai eu à persuader un peuple faible, superstitieux, incapable de choses sérieuses : de plus, j’ai parlé avec force. Vous, vous avez eu de la force, je l’avoue ; mais vous y ajoutiez trop d’ornements. La véritable éloquence va à cacher son art : ou il ne faut point parler, ou il faut étudier la vraie et la solide éloquence.




XXXII

CICÉRON ET DÉMOSTHÈNE


Parallèle de ces deux orateurs ; caractères de la véritable éloquence


Cicéron. — Quoi ! prétends-tu que j’ai été un orateur médiocre ?

Démosthène. — Non, pas médiocre ; car ce n’est pas sur une personne médiocre que je prétends avoir la supériorité. Tu as été sans doute un orateur