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Démosthène. — Parlez-m’en en détail, je vous en prie.

Cicéron. — D’abord j’ai défendu plusieurs gens accusés injustement ; j’ai fait bannir Verrès, préteur de Sicile ; j’ai parlé pour et contre des lois ; j’ai abattu Catilina et son parti ; j’ai plaidé pour Sextius, tribun du peuple, qui avait toujours été pour moi, même pendant mon exil ; enfin j’ai couronné ma vie par ces Philippiques si célèbres, qui…

Démosthène. — J’entends, qui ont surpassé les miennes : je ne pensais pas que vous eussiez apporté ici votre vanité ; mais laissons cela : comment vous êtes-vous gouverné dans la rhétorique ?

Cicéron. — J’ai fait des ouvrages qui dureront éternellement ; j’ai parlé des orateurs les plus célèbres ; j’ai…

Démosthène. — Je vois bien que vous voulez toujours revenir à vos oraisons : ne croyez pas me tromper. J’en sais autant qu’un autre, et…

Cicéron, — Tout beau ; vous me reprenez de ma vanité, et vous vous louez vous-même !

Démosthène. — Il est vrai ; j’ai tort, je l’avoue ; je me suis laissé emporter ; mais vous avouerez vous-même que vous vous louez un peu trop partout. Y a-t-il rien de plus fade que la louange que vous vous donnez au commencement de la troisième Catilinaire, lorsque vous dites que « puisque l’on a élevé au rang des dieux Romulus, fondateur de la ville de Rome, que ne fera-t-on point à celui qui a conservé cette même ville fondée et augmentée ? »

Cicéron. — Mais, dans le fond, ne fallait-il pas