Alcibiade. — Timon, retirons-nous, en voilà bien assez : nous avons chacun une bonne leçon ; en profitera qui pourra. Mais je crois que nous n’en profiterons guère : vous seriez encore furieux contre toute la nature humaine ; et moi je vais faire le protée entre les Grecs et le roi de Perse.
XIX
PÉRICLÈS ET ALCIBIADE
Périclès. — Mon cher neveu, je suis bien aise de te revoir. J’ai toujours eu de l’amitié pour toi.
Alcibiade. — Tu me l’as bien témoigné dès mon enfance. Mais je n’ai jamais eu tant de besoin de ton secours qu’à présent : Socrate, que je viens de trouver, me fait craindre les trois juges, devant lesquels je vais comparaître.
Périclès. — Hélas ! mon cher neveu, nous ne sommes plus à Athènes. Ces trois vieillards inexorables ne comptent pour rien l’éloquence. Moi-même j’ai senti leur rigueur, et je prévois que tu n’en seras pas exempt.
Alcibiade. — Quoi ! n’y a-t-il pas quelque moyen pour gagner ces trois hommes ? Sont-ils insensibles à la flatterie, à la pitié, aux grâces du discours,