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sèches et si austères tout ce qu’il y a de plus ingénieux dans la jurisprudence.

Solon. — J’aime mieux des lois simples, dures et sauvage, qu’un art ingénieux de troubler le repos des hommes, et de corrompre le fond des mœurs. Jamais on n’a vu tant de lois que de votre temps ; jamais on n’a vu votre empire si lâche, si efféminé, si abâtardi, si indigne des anciens Romains, qui ressemblaient assez aux Spartiates. Vous-même, vous n’avez été qu’un fourbe, un impie, un scélérat, un destructeur des bonnes lois, un homme vain et faux en tout. Votre Tribonien a été aussi méchant, aussi double, et aussi dissolu. Procope vous a démasqué. Je reviens aux lois : elles ne sont lois qu’autant qu’elles sont facilement connues, crues, aimées, suivies ; et elles ne sont bonnes qu’autant que leur exécution rend les peuples bons et heureux. Vous n’avez fait personne bon et heureux par votre fastueuse compilation ; d’où je conclus qu’elle mérite d’être brûlée. Mais je vois que vous vous fâchez. La majesté impériale se croit au-dessus de la vérité ; mais son ombre n’est plus qu’une ombre à qui on dit la vérité impunément. Je me retire néanmoins, pour apaiser votre bile allumée.