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ombres ne sont plus rien. Adieu, méchant, je t’abandonne.




X

ROMULUS ET NUMA POMPILIUS


Combien la gloire d’un roi sage et pacifique est préférable à celle d’un conquérant


Romulus. — Vous avez bien tardé à venir ici ! votre règne a été bien long !

Numa. — C’est qu’il a été très paisible. Le moyen de parvenir à une extrême vieillesse, c’est de ne faire mal à personne, de n’abuser point de l’autorité, et de faire en sorte que personne n’ait d’intérêt à souhaiter notre mort.

Romulus. — Quand on se gouverne avec tant de modération, on vit obscurément, on meurt sans gloire ; on a la peine de gouverner les hommes : l’autorité ne donne aucun plaisir. Il vaut mieux vaincre, abattre tout ce qui résiste et aspirer à l’immortalité.

Numa. — Mais votre immortalité, je vous prie, en quoi consiste-t-elle ? J’avais ouï dire que vous étiez au rang des dieux, nourri de nectar à la table de Jupiter : d’où vient donc que je vous trouve ici ?

Romulus. — À parler franchement, les sénateurs, jaloux de ma puissance, se défirent de moi et me comblèrent d’honneurs après m’avoir mis en