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vie à apprendre à écrire ; ce qui vous jette dans deux inconvénients, l’un d’admirer vainement un art pénible et infructueux, l’autre de consumer toute votre jeunesse dans cette étude sèche, qui exclut de tout progrès pour les connaissances les plus solides.

Confucius. — Mais notre antiquité, de bonne foi, n’en êtes-vous pas convaincu ?

Socrate. — Nullement : les raisons qui persuadent aux astronomes occidentaux que vos observations doivent être véritables peuvent avoir frappé de même vos astronomes, et leur avoir fourni une vraisemblance pour autoriser vos vaines fictions sur les antiquités de la Chine. Vos astronomes auront vu que telles choses ont dû arriver en tels et en tels temps, par les mêmes règles qui en persuadent nos astronomes d’Occident ; ils n’auront pas manqué de faire leurs prétendues observations sur ces règles, pour leur donner une apparence de vérité. Un peuple fort vain et fort jaloux de la gloire de son antiquité, si peu qu’il soit intelligent dans l’astronomie, ne manque pas de colorer ainsi ses fictions ; le hasard même peut les avoir un peu aidés. Enfin, il faudrait que les plus savants astronomes d’Occident eussent la commodité d’examiner dans les originaux toute cette suite d’observations. Les Égyptiens étaient grands observateurs des astres, et en même temps amoureux de leurs fables pour remonter à des milliers de siècles. Il ne faut pas douter qu’ils n’aient travaillé à accorder ces deux passions.

Confucius. — Que concluriez-vous donc sur notre empire ? Il était hors de tout commerce avec vos nations où les sciences ont régné ; il était environné