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rations ; mais ils ajoutent qu’ils manquent de méthode, qu’ils font mal certaines démonstrations, qu’ils se trompent sur des calculs, qu’il y a plusieurs choses très importantes dont ils n’ont rien découvert. Voilà ce que j’entends dire. Ces hommes si entêtés de la connaissance des astres, et qui y bornent leur principale étude, se sont trouvés dans cette étude même très inférieurs aux Occidentaux qui ont voyagé dans la Chine, et qui, selon les apparences, ne sont pas les plus parfaits astronomes de l’Occident. Tout cela ne répond point à cette idée merveilleuse d’un peuple supérieur à toutes les autres nations. Je ne dis rien de votre porcelaine : c’est plutôt le mérite de votre terre que de votre peuple ; ou du moins, si c’est un mérite pour les hommes, ce n’est qu’un mérite de vil artisan. Votre architecture n’a point de belles proportions ; tout y est bas et écrasé, tout y est confus et chargé de petits ornements qui ne sont ni nobles ni naturels. Votre peinture a quelque vie et une grâce je ne sais quelle ; mais elle n’a ni correction de dessin, ni ordonnance, ni noblesse dans les fibres, ni vérité dans les représentations : on n’y voit ni paysages naturels, ni histoires, ni pensées raisonnables et suivies ; on n’est ébloui que par la beauté des couleurs et du vernis.

Confucius. — Ce vernis même est une merveille inimitable dans tout l’Occident.

Socrate. — Il est vrai : mais vous avez cela de commun avec les peuples les plus barbares, qui ont quelquefois le secret de faire en leur pays, par le secours de la nature, des choses que les nations les plus industrieuses ne sauraient exécuter chez elles.