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fils de Jupiter immortalisé. Pour des monstres, j’en ai dompté en mon temps aussi bien que toi.

Hercule. — Oserais-tu comparer tes faibles actions avec mes travaux ? On n’oubliera jamais le lion de Némée, pour lequel sont établis les jeux néméaques ; l’hydre de Lerne, dont les têtes se multipliaient ; le sanglier d’Érymanthe ; le cerf aux pieds d’airain ; les oiseaux de Stymphale ; l’Amazone dont j’enlevai la ceinture ; l’étable d’Augée ; le taureau que je traînai dans l’Hespérie ; Cacus, que je vainquis ; les chevaux de Diomède, qui se nourrissaient de chair humaine ; Géryon, roi des Espagnes, à trois têtes ; les pommes d’or du jardin des Hespérides ; enfin Cerbère, que je traînai hors des enfers, et que je contraignis de voir la lumière.

Thésée. — Et moi, n’ai-je pas vaincu tous les brigands de la Grèce, chassé Médée de chez mon père, tué le Minotaure, et trouvé l’issue du Labyrinthe, ce qui fit établir les jeux isthmiques ? Ils valent bien ceux de Némée. De plus, j’ai vaincu les Amazones qui vinrent assiéger Athènes. Ajoute à ces actions le combat des Lapithes, le voyage de Jason pour la toison d’or, et la chasse du sanglier de Calydon, où j’ai eu tant de part. J’ai osé aussi bien que toi descendre aux enfers.

Hercule. — Oui, mais tu fus puni de ta folle entreprise. Tu ne pris point Proserpine ; Cerbère, que je traînai hors de son antre ténébreux, dévora à tes yeux ton ami, et tu demeuras captif. As-tu oublié que Castor et Pollux reprirent dans tes mains Hélène leur sœur, dans Aphidne ? Tu leur laissas aussi enlever ta pauvre mère Ethra. Tout cela est d’un faible héros. Enfin tu fus chassé