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II

HERCULE ET THÉSÉE


Les reproches que se font ici les deux héros en apprennent l’histoire et le caractère d’une manière courte et ingénieuse.


Thésée. — Hercule, tu me surprends : je te croyais dans le haut Olympe, à la table des dieux. Le bruit courait que sur le mont Œta le feu avait consumé en toi toute la nature mortelle que tu tenais de ta mère, et qu’il ne te restait plus que ce qui venait de Jupiter. Le bruit courait aussi que tu avais épousé Hébé, qui est de grand loisir depuis que Ganymède verse le nectar en sa place.

Hercule. — Ne sais-tu pas que ce n’est ici que mon ombre ?

Thésée. — Ce que tu vois n’est aussi que la mienne. Mais quand elle est ici, je n’ai rien dans l’Olympe.

Hercule. — C’est que tu n’es pas, comme moi, fils de Jupiter.

Thésée. — Bon ! Ethra ma mère, et mon père Égeus, n’ont-ils pas dit que j’étais fils de Neptune, comme Alcmène, pour cacher sa faute pendant qu’Amphitryon était au siège de Thèbes, lui fit accroire qu’elle avait reçu une visite de Jupiter ?

Hercule. — Je te trouve bien hardi de te moquer du dompteur des monstres ! Je n’ai jamais entendu raillerie.

Thésée. — Mais ton ombre n’est guère à craindre. Je ne vais point dans l’Olympe rire aux dépens du