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qu’elles s’étudient à parler d’une manière courte et précise. Le bon esprit consiste à retrancher tout discours inutile, et à dire beaucoup en peu de mots, au lieu que la plupart des femmes disent peu en beaucoup de paroles. Elles prennent la facilité de parler et la vivacité d’imagination pour l’esprit ; elles ne choisissent point entre leurs pensées ; elles n’y mettent aucun ordre par rapport aux choses qu’elles ont à expliquer ; elles sont passionnées sur presque tout ce qu’elles disent, et la passion fait parler beaucoup : cependant on ne peut espérer rien de fort bon d’une femme, si on ne la réduit à réfléchir de suite, à examiner ses pensées, à les expliquer d’une manière courte, et à savoir ensuite se taire.

Une autre chose contribue beaucoup aux longs discours des femmes ; c’est qu’elles sont nées artificieuses, et qu’elles usent de longs détours pour venir à leur but. Elles estiment la finesse : et comment ne l’estimeraient-elles pas, puisqu’elles ne connaissent point de meilleure prudence, et que c’est d’ordinaire la première chose que l’exemple leur a enseignée ? Elles ont un naturel souple pour jouer facilement toutes sortes de comédies ; les larmes ne leur coûtent rien ; leurs passions sont vives, et leurs connaissances bornées : de là vient qu’elles ne négligent rien pour réussir, et que les moyens qui ne conviendraient pas à des esprits plus réglés leur paraissent bons ; elles ne raisonnent guère pour examiner s’il faut désirer une chose, mais elles sont très industrieuses pour y parvenir.

Ajoutez qu’elles sont timides et pleines de fausse honte, ce qui est encore une source de dissimulation. Le moyen de prévenir un si grand mal, est de ne les mettre jamais dans le besoin de la finesse, et de les accoutumer à dire ingénument leurs inclinations sur toutes les choses permises. Qu’elles soient libres pour témoigner leur ennui quand elles s’ennuient. Qu’on ne les assujettisse