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Elle doit être longtemps attendue, c’est à dire qu’on doit l’avoir fait espérer à l’enfant, dès sa première enfance, comme le plus grand bien qu’on puisse avoir sur la terre en attendant les joies du ciel. Je crois qu’il faudrait la rendre la plus solennelle qu’on peut : qu’il paraisse à l’enfant qu’on a les yeux attachés sur lui pendant ces jours-là, qu’on l’estime heureux, qu’on prend part à sa joie, et qu’on attend de lui une conduite au-dessus de son âge pour une action si grande. Mais quoiqu’il faille donc préparer beaucoup l’enfant à la communion, je crois que, quand il y est préparé, on ne saurait le prévenir trop tôt d’une si précieuse grâce, avant que son innocence soit exposée aux occasions dangereuses où elle commence à se flétrir

CHAPITRE IX.

Remarques sur plusieurs défauts des filles . Nous avons encore à parler du soin qu’il faut prendre pour préserver les filles de plusieurs défauts ordinaires à leur sexe. On les nourrit dans une mollesse et dans une timidité qui les rend incapables d’une conduite ferme et réglée. Au commencement, il y a beaucoup d’affectation, et ensuite beaucoup d’habitude dans ces craintes mal fondées, et dans ces larmes qu’elles versent à si bon marché : le mépris de ces affectations peut servir beaucoup à les corriger, puisque la vanité y a tant de part.

Il faut aussi réprimer en elles les amitiés trop tendres, les petites jalousies, les compliments excessifs, les flatteries, les empressements : tout cela les gâte, et les accoutume à trouver que tout ce qui est grave et sérieux est trop sec et austère. Il faut même tâcher de faire en sorte