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nous réconcilier avec lui après nos chutes, pour former tous les jours de nouveaux fidèles, et même de nouveaux pasteurs qui nous conduisent après eux, afin que l’Eglise se conserve dans tous les siècles sans interruption. Montez qu’il faut se réjouir que Dieu ait donné une telle puissance aux hommes. Ajoutez avec quel sentiment de religion on doit respecter les oints du Seigneur : ils sont les hommes de Dieu, et les dispensateurs de ses mystères. Il faut donc baisser les yeux et gémir, dès qu’on aperçoit en eux la moindre tache qui ternit l’éclat de leur ministère ; il faudrait souhaiter de la pouvoir laver dans son propre sang. Leur doctrine n’est pas la leur ; qui les écoute écoute Jésus-Christ même : quand ils sont assemblés au nom de Jésus-Christ, pour expliquer les Ecritures, le Saint-Esprit parle avec eux. Leur temps n’est point à eux : il ne faut donc pas vouloir les faire descendre d’un si haut ministère, où ils doivent se dévouer à la parole et à la prière, pour être les médiateurs entre Dieu et les hommes, et les rabaisser jusqu’à des affaires du siècle. Il est encore moins permis de vouloir profiter de leurs revenus, qui sont le patrimoine des pauvres et le prix des péchés du peuple ; mais le plus affreux désordre est de vouloir élever ses parents et ses amis à ce redoutable ministère, sans vocation, et par des vues d’intérêt temporel.

Il reste à montrer la nécessité de la prière, fondée sur le besoin de la grâce, que nous avons déjà expliqué. Dieu, dira-t-on à un enfant, veut qu’on lui demande sa grâce, non parce qu’il ignore notre besoin, mais parce qu’il veut nous assujettir à une demande qui nous excite à reconnaître ce besoin : ainsi c’est l’humiliation de notre cœur, le sentiment de notre misère et de notre impuissance, enfin la confiance en sa bonté, qu’il exige de nous. Cette demande, qu’il veut qu’on lui fasse, ne consiste que dans l’intention et dans le désir ; car il n’a pas besoin