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exorcismes et les promesses du Baptême, pour montrer que les exemples et les maximes du monde, bien loin d’avoir quelque autorité sur nous, doivent nous rendre suspect tout ce qui nous vient d’une source si odieuse et si empoisonnée. Ne craignez pas même de représenter, comme saint Paul, le démon régnant dans le monde, et agitant le cœur des hommes par toutes les passions violentes, qui leur font chercher les richesses, la gloire et les plaisirs. C’est cette pompe, direz-vous, qui est encore plus celle du démon que du monde ; c’est ce spectacle de vanité auquel un Chrétien ne doit ouvrir ni son cœur ni ses yeux. Le premier pas qu’on fait par le Baptême dans le christianisme est un renoncement à toute la pompe mondaine : rappeler le monde, malgré des promesses si solennelles faites à Dieu, c’est tomber dans une espèce d’apostasie ; comme un religieux, qui, malgré ses vœux, quitterait son cloître et son habit de pénitence pour rentrer dans le siècle.

Ajoutez combien nous devons fouler aux pieds les mépris mal fondés, les railleries impies et les violences même du monde, puisque la Confirmation nous rend soldats de Jésus-Christ pour combattre cet ennemi. L’évêque, direz-vous, vous a frappé pour vous endurcir contre les coups les plus violents de la persécution ; il a fait sur vous une action sacrée, afin de représenter les anciens, qui s’oignaient d’huile pour rendre leurs membres plus souples et plus vigoureux quand ils allaient au combat ; enfin il a fait sur vous le signe de la croix, pour vous montrer que vous devez être crucifié avec Jésus-Christ. Nous ne sommes plus, continuerez-vous, dans le temps des persécutions, où l’on faisait mourir ceux qui ne voulaient pas renoncer à l’Evangile : mais le monde, qui ne peut cesser d’être monde, c’est-à-dire corrompu, fait toujours une persécution indirecte à la piété ; il lui tend des pièges pour la faire tomber, il la décrie, il s’en