Page:Fénélon - Oeuvres complètes, Tome XVII, 1830.djvu/92

Cette page n’a pas encore été corrigée

pièges des compagnies, sont obligés de suivre le conseil évangélique de quitter tout pour se retirer dans une solitude. Répétez souvent que la lettre tue, et que c’est l’esprit qui vivifie ; c’est-à-dire que la simple observation du culte extérieur est inutile et nuisible, si elle n’est intérieurement animée par l’esprit d’amour et de religion. Rendez ce langage clair et sensible : faites voir que Dieu veut être honoré du cœur, et non des lèvres ; que les cérémonies servent à exprimer notre religion et à l’exciter, mais que les cérémonies ne sont pas la religion même ; qu’elle est toute au-dedans, puisque Dieu cherche des adorateurs en esprit et en vérité ; qu’il s’agit de l’aimer intérieurement, et de nous regarder comme s’il n’y avait dans toute la nature que lui et nous ; qu’il n’a pas besoin de nos paroles, de nos postures, ni même de notre argent ; que ce qu’il veut, c’est nous-mêmes ; qu’on ne doit pas seulement exécuter ce que la loi ordonne, mais encore l’exécuter pour en tirer le fruit que la loi a eu en vue quand elle l’a ordonné ; qu’ainsi ce n’est rien d’entendre la messe, si on ne l’entend afin de s’unir à Jésus-Christ, sacrifié pour nous, et de s’édifier de tout ce qui nous représente son immolation. Finissez en disant que tous ceux qui crieront, Seigneur, Seigneur ! n’enteront pas au royaume du ciel ; que si on n’entre dans les vrais sentiments d’amour de Dieu, de renoncement aux biens temporels, de mépris de soi-même, et d’horreur pour le monde, on fait du christianisme un fantôme trompeur pour soi et pour les autres.

Passez aux sacrements : je suppose que vous en avez déjà expliqué toutes les cérémonies à mesure qu’elles se sont faites en présence de l’enfant, comme nous l’avons dit. C’est ce qui en fera mieux sentir l’esprit et la fin : par là vous ferez entendre combien il est grand d’être chrétien, combien il est honteux et funeste de l’être comme on l’est dans le monde. Rappelez souvent les