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vous pouvez le faire sans les exposer à un saisissement de frayeur.

Il n’est rien de plus fâcheux que de voir beaucoup de personnes, qui ont de l’esprit et de la piété, ne pouvoir penser à la mort sans frémir ; d’autres pâlissent pour s’être trouvées au nombre de treize à table, ou pour avoir eu certains songes, ou pour avoir vu renverser une salière : la crainte de tous ces présages imaginaires est un reste grossier du paganisme ; faites-en voir la vanité et le ridicule. Quoique les femmes n’aient pas les même occasions que les hommes de montrer leur courage, elles doivent pourtant en avoir. La lâcheté est méprisable partout ; partout elle a de méchants effets. Il faut qu’une femme sache résister à de vaines alarmes, qu’elle soit ferme contre certains périls imprévus, qu’elle ne pleure ni ne s’effraie que pour de grands sujets ; encore faut-il s’y soutenir par vertu. Quand on est chrétien, de quelque sexe qu’on soit, il n’est pas permis d’être lâche. L’âme du christianisme, si on peut parler ainsi, est le mépris de cette vie, et l’amour de l’autre.

CHAPITRE VIII.

Instruction sur le Décalogue, sur les Sacrements et sur la Prière. 

Ce qu’il y a de principal à mettre sans cesse devant les yeux des enfants, c’est Jésus-Christ, auteur et consommateur de notre foi, le centre de toute la religion, et notre unique espérance. Je n’entreprends pas de dire ici comment il faut leur enseigner le mystère de l’Incarnation ; car cet engagement me mènerait trop loin, et il y a assez de livres où l’on peut trouver à fond tout ce qu’on en doit enseigner. Quand les principes sont posés,