mais rien ne la déracine ou ne la prévient mieux, qu’une instruction solide. Cette instruction, quoiqu’elle doive être renfermée dans les justes bornes, et être bien éloignée de toutes les études des savants, va pourtant plus loin qu’on ne croit d’ordinaire. Tel pense être bien instruit, qui ne l’est point, et dont l’ignorance est si grande, qu’il n’est pas même en état de sentir ce qui lui manque pour connaître le fond du christianisme. Il ne faut jamais laisser mêler dans la foi ou dans les pratiques de piété rien qui ne soit tiré de l’Evangile, ou autorisé par une approbation constante de l’Eglise. Il faut prémunir discrètement les enfants contre certains abus, qu’on est quelquefois tenté de regarder comme des points de discipline, quand on n’est pas bien instruit : on ne peut entièrement s’en garantir, si on ne remonte à la source, si on ne connaît l’institution des choses, et l’usage que les saints en on fait.
Accoutumez donc les filles, naturellement trop crédules, à n’admettre pas légèrement certaines histoires sans autorité, et à ne s’attacher pas à de certaines dévotions, qu’un zèle indiscret introduit, sans attendre que l’Eglise les approuve. Le vrai moyen de leur apprendre ce qu’il faut penser là-dessus, n’est pas de critiquer sévèrement ces choses, auxquelles un pieux motif a pu donner quelque cours ; mais de montrer, sans les blâmer, qu’elles n’ont point un solide fondement. Contentez-vous de ne faire jamais entrer ces choses dans les instructions qu’on donne sur le christianisme. Ce silence suffira pour accoutumer d’abord les enfants à concevoir le christianisme dans toute son intégrité et dans toute sa perfection, sans y ajouter ces pratiques. Dans la suite, vous pourrez les préparer doucement contre les discours des Calvinistes. Je crois que cette instruction ne sera pas inutile, puisque nous sommes mêlés tous les