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saint Jean nous la représente ; les larmes de tout œil essuyées ; plus de mort, plus de douleurs ni de cris ; les gémissements s’enfuiront, les maux seront passés ; une joie éternelle sera sur la tête des bienheureux, comme les eaux sont sur la tête d’un homme abîmé au fond de la mer. Montrez cette glorieuse Jérusalem, dont Dieu sera lui-même le soleil pour y former des jours sans fin ; un fleuve de paix, un torrent de délices, une fontaine de vie l’arrosera ; tout y sera or, perles et pierreries. Je sais bien que toutes ces images attachent aux choses sensibles ; mais après avoir frappé les enfants par un si beau spectacle, pour les rendre attentifs, on se sert des moyens que nous avons touchés, pour les ramener aux choses spirituelles.

Concluez que nous ne sommes ici-bas que comme des voyageurs dans une hôtellerie, ou sous une tente ; que le corps va périr ; qu’on ne peut retarder que de peu d’années sa corruption ; mais que l’âme s’envolera dans cette céleste patrie, où elle doit vivre à jamais de la vie de Dieu. Si on peut donner aux enfants l’habitude d’envisager avec plaisir ces grands objets, et de juger des choses communes par rapport à de si hautes espérances, on a aplani des difficultés infinies.

Je voudrais encore tâcher de leur donner de fortes impressions sur la résurrection des corps. Apprenez-leur que la nature n’est qu’un ordre commun que Dieu a établi dans ses ouvrages, et que les miracles ne sont que des exceptions à ces règles générales ; qu’ainsi il ne coûte pas plus à Dieu de faire cent miracles, qu’à moi de sortir de ma chambre un quart d’heure avant le temps où j’avais accoutumé d’en sortir. Ensuite rappelez l’histoire de la résurrection du Lazare, puis celle de la résurrection de Jésus-Christ, et de ses apparitions familières pendant quarante jours devant tant de personnes. Enfin montrez qu’il ne peut être difficile à celui qui a fait