encore remarquer que la beauté du corps est une fleur qui s’épanouit le matin, et qui est le soir flétrie et foulée aux pieds ; mais que l’âme est l’image de la beauté immortelle de Dieu. Il y a, ajouterez-vous, un ordre de choses d’autant plus excellentes, qu’on ne peut les voir par les yeux grossiers de la chair, comme on voit tout ce qui est ici-bas sujet au changement et à la corruption. Pour faire sentir aux enfants qu’il y a des choses très réelles que les yeux et les oreilles ne peuvent apercevoir, il leur faut demander s’il n’est pas vrai qu’un tel est sage, et qu’un tel autre a beaucoup d’esprit. Quand ils auront répondu, Oui, ajoutez : Mais la sagesse d’un tel, l’avez-vous vue ? de quelle couleur est-elle ? l’avez-vous entendue ? fait-elle beaucoup de bruit ? l’avez-vous touchée ? est-elle froide ou chaude ? L’enfant rira ; il en fera autant pour les mêmes questions sur l’esprit : il paraîtra tout étonné qu’on lui demande de quelle couleur est un esprit ; s’il est rond ou carré. Alors vous pourrez lui faire remarquer qu’il connaît donc des choses très véritables qu’on ne peut ni voir ni toucher, ni entendre, et que ces choses sont spirituelles. Mais il faut entrer fort sobrement dans ces sortes de discours pour les filles. Je ne les propose ici que pour celles dont la curiosité et le raisonnement vous mèneraient malgré vous jusqu’à ces questions. Il faut se régler selon l’ouverture de leur esprit, et selon leur besoin.
Retenez leur esprit le plus que vous pourrez dans les bornes communes ; et apprenez-leur qu’il doit y avoir, pour leur sexe, une pudeur sur la science, presque aussi délicate que celle qui inspire l’horreur du vice.
En même temps, il faut faire venir l’imagination au secours de l’esprit, pour leur donner des images charmantes des vérités de la religion, que le corps ne peut voir. Il faut leur peindre la gloire céleste telle que