qui vient d’elle, pourvu que vous n’alliez point indiscrètement lui proposer certaines actions qui sont communes au corps et à l’âme. Il faut éviter les subtilités qui pourraient embrouiller ces vérités, et il faut se contenter de bien démêler les choses où la différence du corps et de l’âme est plus sensiblement marquée. Peut-être même trouvera-t-on des esprits si grossiers, qu’avec une bonne éducation ils ne pourront entendre distinctement ces vérités ; mais, outre qu’on conçoit quelquefois assez clairement une chose, quoiqu’on ne sache pas l’expliquer nettement, d’ailleurs Dieu voit mieux que nous dans l’esprit de l’homme ce qu’il y a mis pour l’intelligence de ses mystères.
Pour les enfants en qui on apercevra un esprit capable d’aller plus loin, on peut, sans les jeter dans une étude qui sente trop la philosophie, leur faire concevoir, selon la portée de leur esprit, ce qu’ils disent quand on leur fait dire que Dieu est un esprit, et que leur âme est un esprit aussi. Je crois que le meilleur et le plus simple moyen de leur faire concevoir cette spiritualité de Dieu et de l’âme, est de leur faire remarquer la différence qui est entre un homme mort et un homme vivant : dans l’un, il n’y a que le corps ; dans l’autre, le corps est joint à l’esprit. Ensuite, il faut leur montrer que ce qui raisonne est bien plus parfait que ce qui n’a qu’une figure et du mouvement. Faites ensuite remarquer, par divers exemples, qu’aucun corps ne périt ; ils se séparent seulement : ainsi, les parties du bois brûlé tombent en cendres, ou s’envolent en fumée. Si donc, ajouterez-vous, ce qui n’est en soi-même que de la cendre, incapable de connaître et de penser, ne périt jamais ; à plus forte raison notre âme, qui connaît et qui pense, ne cessera jamais d’être. Le corps peut mourir, c’est-à-dire qu’il peut quitter l’âme, et être de la cendre ; mais l’âme vivra, car elle pensera toujours.