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Il faut montrer aux enfants une maison, et les accoutumer à comprendre que cette maison ne s’est pas bâtie d’elle-même. Les pierres, leur direz-vous, ne se sont pas élevées sans que personne les portât. Il est bon même de leur montrer des maçons qui bâtissent ; puis faites-leur regarder le ciel, la terre, et les principales choses que Dieu y a faites pour l’usage de l’homme ; dites-leur : Voyez combien le monde est plus beau et mieux fait qu’une maison. S’est-il fait de lui-même ? Non, sans doute ; c’est Dieu qui l’a bâti de ses propres mains. D’abord suivez la méthode de l’Ecriture : frappez vivement leur imagination ; ne leur proposez rien qui ne soit revêtu d’images sensibles. Représentez Dieu assis sur un trône, avec des yeux plus brillants que les rayons du soleil, et plus perçants que les éclairs : faites-le parler ; donnez-lui des oreilles qui écoutent tout, des mains qui portent l’univers, des bras toujours levés pour punir les méchants, un cœur tendre et paternel pour rendre heureux ceux qui l’aiment. Viendra le temps que vous rendrez toutes ces connaissances plus exactes. Observez toutes les ouvertures que l’esprit de l’enfant vous donnera ; tâtez-le par divers endroits, pour découvrir par où les grandes vérités peuvent mieux entrer dans sa tête. Surtout ne lui dites rien de nouveau sans le lui familiariser par quelque comparaison sensible.

Par exemple, demandez-lui s’il aimerait mieux mourir que de renoncer à Jésus-Christ ; il vous répondra : Oui. Ajoutez : Mais quoi, donneriez-vous votre tête à couper pour aller en paradis ? Oui. Jusque là l’enfant croit qu’il aurait assez de courage pour le faire. Mais vous, qui voulez lui faire sentir qu’on ne peut rien sans la grâce, vous ne gagnerez rien, si vous lui dites simplement qu’on a besoin de grâce pour être fidèle : il n’entend point tous ces mots-là ; et si vous l’accoutumez à les dire sans les entendre, vous n’en êtes pas plus avancé. Que ferez-vous