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des défauts qui se trouvent dans ce qui la charme, et la commodité des qualités avantageuses qui se rencontrent dans ce qui lui déplaît : ne la pressez pas, vous verrez qu’elle reviendra d’elle-même. Après cela, faites-lui remarquer ses entêtements passés avec leurs circonstances les plus déraisonnables : dites-lui doucement qu’elle verra de même ceux dont elle n’est pas encore guérie, quand ils seront finis. Racontez-lui les erreurs semblables où vous avez été à son âge. Surtout montez-lui, le plus sensiblement que vous pourrez, le grand mélange de bien et de mal qu’on trouve dans tout ce qu’on peut aimer et haïr, pour ralentir l’ardeur de ses amitiés et de ses aversions.

Ne promettez jamais aux enfants, pour récompenses, des ajustements ou des friandises : c’est faire deux maux ; le premier, de leur inspirer l’estime de ce qu’ils doivent mépriser, et le second, de vous ôter le moyen d’établir d’autres récompenses qui faciliteraient votre travail. Gardez-vous bien de les menacer de les faire étudier, ou de les assujettir à quelque règle. Il faut faire le moins de règles qu’on peut ; et lorsqu’on ne peut éviter d’en faire quelqu’une, il faut la faire passer doucement, sans lui donner ce nom, et montrant toujours quelque raison de commodité, pour faire une chose dans un temps et dans un lieu plutôt que dans un autre. On courrait risque de décourager les enfants, si on ne les louait jamais lorsqu’ils font bien. Quoique les louanges soient à craindre à cause de la vanité, il faut tâcher de s’en servir pour animer les enfants sans les enivrer. Nous voyons que saint Paul les emploie souvent pour encourager les faibles, et pour faire passer plus doucement la correction. Les Pères en on fait le même usage. Il est vrai que, pour les rendre utiles, il faut les assaisonner de manière qu’on en ôte l’exagération, la flatterie, et qu’en même temps on rapporte tout le bien à