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Que peut faire un enfant, sinon supporter impatiemment cette règle, et courir ardemment après les jeux ?

Tâchons donc de changer cet ordre : rendons l’étude agréable ; cachons-la sous l’apparence de la liberté et du plaisir ; souffrons que les enfants interrompent quelquefois l’étude par de petites saillies de divertissement, ils ont besoin de ces distractions pour délasser leur esprit. Laissons leur vue se promener un peu ; permettons-leur même de temps en temps quelque digression ou quelque jeu, afin que leur esprit se mette au large, puis ramenons-les doucement au but. Une régularité trop exacte, pour exiger d’eux des études sans interruption, leur nuit beaucoup : souvent ceux qui les gouvernent affectent cette régularité, parce qu’elle leur est plus commode qu’une sujétion continuelle à profiter de tous les moments. En même temps, ôtons aux divertissements des enfants tout ce qui peut les passionner trop : mais tout ce qui peut délasser l’esprit, lui offrir une variété agréable, satisfaire sa curiosité pour les choses utiles, exercer le corps aux arts convenables, tout cela doit être employé dans les divertissements des enfants. Ceux qu’ils aiment le mieux sont ceux où le corps est en mouvement ; ils sont contents, pourvu qu’ils changent souvent de place ; un volant ou une boule suffit. Ainsi il ne faut pas être en peine de leurs plaisirs, ils en inventent assez eux-mêmes ; il suffit de les laisser faire, de les observer avec un visage gai, et de les modérer dès qu’ils s’échauffent trop. Il est bon seulement de leur faire sentir, autant qu’il est possible, les plaisirs que l’esprit peut donner, comme la conversation, les nouvelles, les histoires, et plusieurs jeux d’industrie qui renferment quelque instruction. Tout cela aura son usage en son temps : mais il ne faut pas forcer le goût des enfants là-dessus, on ne