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exemple, montrez-lui tout ce que vous avez fait pour éviter cette extrémité ; paraissez-lui en affligé ; parlez devant lui, avec d’autres personnes, du malheur de ceux qui manquent de raison et d’honneur jusqu’à se faire châtier ; retranchez les marques d’amitié ordinaires, jusqu’à ce que vous voyiez qu’il ait besoin de consolation ; rendez ce châtiment public ou secret, selon que vous jugerez qu’il sera plus utile à l’enfant, ou de lui causer une grande honte, ou de lui montrer qu’on la lui épargne ; réservez cette honte publique pour servir de dernier remède ; servez-vous quelquefois d’une personne raisonnable qui console l’enfant, qui lui dise ce que vous ne devez pas alors lui dire vous-même, qui le guérisse de la mauvaise honte, qui le dispose à revenir à vous, et auquel l’enfant, dans son émotion, puisse ouvrir son cœur plus librement qu’il n’oserait le faire devant vous. Mais surtout qu’il ne paraisse jamais que vous demandiez de l’enfant que les soumissions nécessaires ; tâchez de faire en sorte qu’il s’y condamne lui-même, qu’il s’exécute de bonne grâce, et qu’il ne vous reste qu’à adoucir la peine qu’il aura acceptée. Chacun doit employer les règles générales selon les besoins particuliers : les hommes, et surtout les enfants, ne se ressemblent pas toujours à eux-mêmes ; ce qui est bon aujourd’hui est dangereux demain ; une conduite toujours uniforme ne peut être utile.

Le moins qu’on peut faire de leçons en forme, c’est le meilleur. On peut insinuer une infinité d’instructions plus utiles que les leçons mêmes, dans des conversations gaies. J’ai vu divers enfants qui ont appris à lire en se jouant : on n’a qu’à leur raconter des choses divertissantes qu’on tire d’un livre en leur présence, et leur faire connaître insensiblement les lettres ; après cela, ils souhaitent d’eux-mêmes de pouvoir aller à la source de ce qui leur a donné du plaisir. Les deux choses qui gâtent tout, c’est qu’on leur fait