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la confiance, sans laquelle il n’y a nul fruit à espérer de l’éducation. Faites-vous aimer d’eux ; qu’ils soient libres avec vous, et qu’ils ne craignent point de vous laisser voir leurs défauts. Pour y réussir, soyez indulgent à ceux qui ne se déguisent point devant vous. Ne paraissez ni étonné ni irrité de leurs mauvaises inclinaisons ; au contraire, compatissez à leurs faiblesses. Quelquefois il en arrivera cet inconvénient, qu’ils seront moins retenus par la crainte ; mais, à tout prendre, la confiance et la sincérité leur sont plus utiles que l’autorité rigoureuse.

D’ailleurs, l’autorité ne laissera pas de trouver sa place, si la confiance et la persuasion ne sont pas assez fortes ; mais il faut toujours commencer par une conduite ouverte, gaie, et familière sans bassesse, qui vous donne moyen de voir agir les enfants dans leur état naturel, et de les connaître à fond. Enfin, quand même vous les réduiriez par l’autorité à observer toutes vos règles, vous n’iriez pas à votre but ; tout se tournerait en formalités gênantes, et peut-être en hypocrisie ; vous les dégoûteriez du bien, dont vous devez chercher uniquement de leur inspirer l’amour.

Si le Sage a toujours recommandé aux parents de tenir la verge assidûment levée sur les enfants, s’il a dit qu’un père qui se joue avec son fils pleurera dans la suite, ce n’est pas qu’il ait blâmé une éducation douce et patiente ; il condamne seulement ces parents faibles et inconsidérés, qui flattent les passions de leurs enfants, et qui ne cherchent qu’à s’en divertir pendant leur enfance, jusqu’à leur souffrir toutes sortes d’excès.

Ce qu’il en faut conclure, est que les parents doivent toujours conserver de l’autorité pour la correction, car il y a des naturels qu’il faut dompter par la crainte ; mais, encore une fois, il ne faut le faire que quand on ne saurait faire autrement.