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imperfections mêmes de quoi instruire et édifier l’enfant, de quoi l’encourager pour sa correction ; vous éviterez même le mépris et le dégoût que vos défauts pourraient lui donner pour votre personne.

En même temps il faut chercher tous les moyens de rendre agréables à l’enfant les choses que vous exigez de lui. En avez-vous quelqu’une de fâcheuse à proposer, faites-lui entendre que la peine sera bientôt suivie du plaisir ; montrez-lui toujours l’utilité des choses que vous lui enseignez ; faites-lui-en voir l’usage par rapport au commerce du monde et aux devoirs des conditions. Sans cela, l’étude lui paraît un travail abstrait, stérile et épineux. À quoi sert, disent-ils en eux-mêmes, d’apprendre toutes ces choses dont on ne parle point dans les conversations, et qui n’ont aucun rapport à tout ce qu’on est obligé de faire ? Il faut donc leur rendre raison de tout ce qu’on leur enseigne : C’est, leur direz-vous, pour vous mettre en état de bien faire ce que vous ferez un jour ; c’est pour vous former le jugement ; c’est pour vous accoutumer à bien raisonner sur toutes les affaires de la vie. Il faut toujours leur montrer un but solide et agréable qui les soutienne dans le travail, et ne prétendre jamais les assujettir par une autorité sèche et absolue.

À mesure que leur raison augmente, il faut aussi de plus en plus raisonner avec eux sur les besoins de leur éducation, non pour suivre toutes leurs pensées, mais pour en profiter lorsqu’ils feront connaître leur état véritable, pour éprouver leur discernement, et pour leur faire goûter les choses qu’on veut qu’ils fassent.

Ne prenez jamais sans une extrême nécessité un air austère et impérieux, qui fait trembler les enfants. Souvent c’est affectation et pédanterie dans ceux qui gouvernent ; car, pour les enfants, ils ne sont d’ordinaire que trop timides et honteux. Vous leur fermeriez le cœur, et leur ôteriez