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des gens qu’on aime ; le plaisir qu’on trouve d’abord avec les malhonnêtes gens fait peu à peu estimer ce qu’ils ont même de méprisable. Pour rendre les gens de bien agréables aux enfants, faites-leur remarquer ce qu’ils ont d’aimable et de commode ; leur sincérité, leur modestie, leur désintéressement, leur fidélité, leur discrétion, mais surtout leur piété, qui est la source de tout le reste. Si quelqu’un d’entre eux a quelque chose de choquant, dites : La piété ne donne point ces défauts-là ; quand elle est parfaite, elle les ôte, ou du moins elle les adoucit. Après tout, il ne faut point s’opiniâtrer à faire goûter aux enfants certaines personnes pieuses dont l’extérieur est dégoûtant.

Quoique vous veilliez sur vous-même pour n’y laisser rien voir que de bon, n’attendez pas que l’enfant ne trouve jamais aucun défaut en vous ; souvent il apercevra jusqu’à vos fautes les plus légères.

Saint Augustin nous apprend qu’il avait remarqué dès son enfance la vanité de ses maîtres sur les études. Ce que vous avez de meilleur et de plus pressé à faire, c’est de connaître vous-même vos défauts aussi bien que l’enfant les connaîtra, et de vous en faire avertir par des amis sincères. D’ordinaire ceux qui gouvernent les enfants ne leur pardonnent rien, et se pardonnent tout à eux-mêmes : cela excite dans les enfants un esprit de critique et de malignité ; de façon que, quand ils ont vu faire quelque faute à la personne qui les gouverne, ils en sont ravis, et ne cherchent qu’à la mépriser.

Evitez cet inconvénient : ne craignez point de parler des défauts qui sont visibles en vous, et des fautes qui vous auront échappé devant l’enfant. Si vous le voyez capable d’entendre raison là-dessus, dites-lui que vous voulez lui donner l’exemple de se corriger de ses défauts, en vous corrigeant des vôtres : par là, vous tirerez de vos