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l’extrémité, il faut pourtant leur donner les vrais principes, et les préserver d’imiter tout le mal qu’ils ont devant les yeux.

Il faut aussi les empêcher de contrefaire les gens ridicules ; car ces manières moqueuses et comédiennes ont quelque chose de bas et de contraire aux sentiments honnêtes : il est à craindre que les enfants ne les prennent, parce que la chaleur de leur imagination et la souplesse de leur corps, jointes à leur enjouement, leur font aisément prendre toutes sortes de formes pour représenter ce qu’ils voient de ridicule.

Cette pente à imiter, qui est dans les enfants produit des maux infinis quand on les livre à des gens sans vertu qui ne se contraignent guère devant eux. Mais Dieu a mis, par cette pente, dans les enfants de quoi se plier facilement à tout ce qu’on leur montre pour le bien. Souvent, sans leur parler, on n’aurait qu’à leur faire voir en autrui ce qu’on voudrait qu’ils fissent.

CHAPITRE V.

Instructions indirectes : il ne faut pas presser les enfants.

Je crois même qu’il faudrait souvent se servir de ces instructions indirectes, qui ne sont point ennuyeuses comme les leçons et les remontrances, seulement pour réveiller leur attention sur les exemples qu’on leur donnerait. Une personne pourrait demander quelquefois devant eux à une autre : Pourquoi faites-vous cela ? et l’autre répondrait : Je le fais par telle raison. Par exemple : Pourquoi avez-vous avoué votre faute ? C’est que j’en aurais fait encore une plus grande de la désavouer lâchement par