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leur institut, à élever des filles, pourraient aussi entrer dans ces vues pour former leurs maîtresses de pensionnaires et leurs maîtresses d’école.

Mais quoique la difficulté de trouver des gouvernantes soit grande, il faut avouer qu’il y en a une autre plus grande encore ; c’est celle de l’irrégularité des parents : tout le reste est inutile, s’ils ne veulent concourir eux-mêmes dans ce travail. Le fondement de tout est qu’ils ne donnent à leurs enfants que des maximes droites et des exemples édifiants. C’est ce qu’on ne peut espérer que d’un très petit nombre de familles. On ne voit, dans la plupart des maisons, que confusion, que changement, qu’un amas de domestiques qui sont autant d’esprits de travers, que division entre les maîtres. Quelle affreuse école pour les enfants ! Souvent une mère qui passe sa vie au jeu, à la comédie, et dans des conversations indécentes, se plaint d’un ton grave qu’elle ne peut pas trouver une gouvernante capable d’élever ses filles. Mais qu’est-ce que peut la meilleure éducation sur des filles à la vue d’une telle mère ? Souvent encore on voit des parents, qui, comme dit saint Augustin, mènent eux-mêmes leurs enfants aux spectacles publics, et à d’autres divertissements qui ne peuvent manquer de les dégoûter de la vie sérieuse et occupée, dans laquelle ces parents mêmes les veulent engager ; ainsi ils mêlent le poison avec l’aliment salutaire. Ils ne parlent que de sagesse ; mais ils accoutument l’imagination volage des enfants aux violents ébranlements des représentations passionnées et de la musique, après quoi ils ne peuvent plus s’appliquer. Ils leur donnent le goût des passions, et leur font trouver fades les plaisirs innocents. Après cela ils veulent encore que l’éducation réussisse, et ils la regardent comme triste et austère, si elle ne souffre ce mélange du bien et du mal. N’est-ce pas vouloir se faire honneur du désir d’une bonne éducation de ses enfants,