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si elle est sensée et de bonne volonté, en apprendra plus en un mois par sa pratique et par son avis, que par de longs raisonnements ; bientôt elle marchera d’elle-même dans le droit chemin. Vous aurez encore cet avantage, pour vous décharger, qu’elle trouvera dans ce petit ouvrage les principaux discours qu’il faut faire aux enfants sur les plus importantes maximes, tout faits, en sorte qu’elle n’aura presque qu’à les suivre. Ainsi elle aura devant ses yeux un recueil des conversations qu’elle doit avoir avec l’enfant sur les choses les plus difficiles à lui faire entendre. C’est une espèce d’éducation pratique, qui la conduira comme par la main. Vous pouvez encore vous servir très utilement du Catéchisme historique, dont nous avons déjà parlé ; faites que la gouvernante que vous formez le lise plusieurs fois, et surtout tâchez de lui en faire bien concevoir la préface, afin qu’elle entre dans cette méthode d’enseigner. Il faut pourtant avouer que ces sujets d’un talent médiocre, auxquels je me borne, sont rares à trouver. Mais enfin il faut un instrument propre à l’éducation ; car les choses les plus simples ne se font pas d’elles-mêmes, et elles se font toujours mal par les esprits mal faits. Choisissez donc, ou dans votre maison, ou dans vos terres, ou chez vos amis, ou dans les communautés bien réglées, quelque fille que vous croirez capable d’être formée ; songez de bonne heure à la former pour cet emploi, et tenez-la quelque temps auprès de vous pour l’éprouver, avant que de lui confier une chose si précieuse. Cinq ou six gouvernantes formées de cette manière seraient capables d’en former bientôt un grand nombre d’autres. On trouverait peut-être du mécompte en plusieurs de ces sujets ; mais enfin sur ce grand nombre on trouverait toujours de quoi se dédommager, et on ne serait pas dans l’extrême embarras où l’on se trouve tous les jours. Les communautés religieuses et séculières qui s’appliquent, selon