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pourra pas arriver jusqu’à la perfection dans ce travail, il ne sera pas inutile de l’avoir connue, et de s’être efforcé d’y atteindre ; c’est le meilleur moyen d’en approcher. D’ailleurs cet ouvrage ne suppose point un naturel accompli dans les enfants, et un concours de toutes les circonstances les plus heureuses pour composer une éducation parfaite : au contraire, je tâche de donner des remèdes pour les naturels mauvais ou gâtés ; je suppose les mécomptes ordinaires dans les éducations, et j’ai recours aux moyens les plus simples pour redresser, en tout ou en partie ce qui en a besoin. Il est vrai qu’on ne trouvera point, dans ce petit ouvrage, de quoi faire réussir une éducation négligée et mal conduite ; mais faut-il s’en étonner ? N’est-ce pas le mieux qu’on puisse souhaiter, que de trouver des règles simples dont la pratique exacte fasse une solide éducation ? J’avoue qu’on peut faire et qu’on fait tous les jours pour les enfants beaucoup moins que ce que je propose ; mais aussi on ne voit que trop combien la jeunesse souffre par ces négligences. Le chemin que je représente, quelque long qu’il paraisse, est le plus court, puisqu’il mène droit où l’on veut aller ; l’autre chemin, qui est celui de la crainte, et d’une culture superficielle des esprits, quelque court qu’il paraisse, est trop long ; car on n’arrive presque jamais par là au seul vrai but de l’éducation, qui est de persuader les esprits, et d’inspirer l’amour sincère de la vertu. La plupart des enfants qu’on a conduits par ce chemin, sont encore à recommencer quand leur éducation semble finie ; et après qu’ils ont passé les premières années de leur entrée dans le monde à faire des fautes souvent irréparables, il faut que l’expérience et leurs propres réflexions leur fassent trouver toutes les maximes que cette éducation gênée et superficielle n’avait point su leur inspirer. On doit encore observer que ces premières peines, que je demande qu’on prenne pour les enfants, et que les