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ses habitudes ; essayez peu à peu de voir de quoi elle est capable pour la règle qu’elle veut prendre ; tâchez de l’accoutumer à une vie grossière, sobre et laborieuse ; montrez-lui en détail combien on est libre et heureux de savoir se passer des choses que la vanité et la mollesse, ou même la bienséance du siècle, rendent nécessaires hors du cloître ; en un mot, en lui faisant pratiquer la pauvreté, faites-lui-en sentir le bonheur que Jésus-Christ nous a révélé. Enfin, n’oubliez rien pour ne laisser dans son cœur le goût d’aucune des vanités du monde, quand elle le quittera. Sans lui faire faire des expériences trop dangereuses, découvrez-lui les épines cachées sous les faux plaisirs que le monde donne ; montrez-lui des gens qui y sont malheureux au milieu des plaisirs.

CHAPITRE XIII.

Des Gouvernantes.

Je prévois que ce plan d’éducation pourra passer dans l’esprit de beaucoup de gens, pour un projet chimérique. Il faudrait, dira-t-on, un discernement, une patience et un talent extraordinaire pour l’exécuter. Où sont les gouvernantes capables de l’entendre ? À plus forte raison, où sont celles qui peuvent le suivre ? Mais je prie de considérer attentivement que quand on entreprend un ouvrage sur la meilleure éducation qu’on peut donner aux enfants, ce n’est pas pour donner des règles imparfaites : on ne doit donc pas trouver mauvais qu’on vise au plus parfait dans cette recherche. Il est vrai que chacun ne pourra pas aller, dans la pratique, aussi loin que vont nos pensées lorsque rien ne les arrête sur le papier : mais enfin, lors même qu’on ne