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beautés de la musique, n’espérez pas de les lui faire toujours ignorer : la défense irriterait la passion ; il vaut mieux donner un concours réglé à ce torrent, que d’entreprendre de l’arrêter.

La peinture se tourne chez nous plus aisément au bien : d’ailleurs elle a un privilège pour les femmes ; sans elle leurs ouvrages ne peuvent être bien conduits. Je sais qu’elles pourraient se réduire à des travaux simples qui ne demanderaient aucun art ; mais, dans le dessein qu’il me semble qu’on doit avoir d’occuper l’esprit en même temps que les mains des femmes de condition, je souhaiterais qu’elle fissent des ouvrages où l’art et l’industrie assaisonnassent le travail de quelque plaisir. De tels ouvrages ne peuvent avoir aucune vraie beauté, si la connaissance des règles du dessin ne les conduit. De là vient que presque tout ce qu’on voit maintenant dans les étoffes, dans les dentelles et dans les broderies, est d’un mauvais goût ; tout y est confus, sans dessein, sans proportion. Ces choses passent pour belles, parce qu’elles coûtent beaucoup de travail à ceux qui les font, et d’argent à ceux qui les achètent ; leur éclat éblouit ceux qui les voient de loin, ou qui ne s’y connaissent pas. Les femmes ont fait là-dessus des règles à leur mode ; qui voudrait contester passerait pour visionnaire. Elles pourraient néanmoins se détromper en consultant la peinture, et par là se mettre en état de faire, avec une médiocre dépense et un grand plaisir, des ouvrages d’une noble variété, et d’une beauté qui serait au-dessus des caprices irréguliers des modes.

Elles doivent également craindre et mépriser l’oisiveté. Qu’elles pensent que tous les premiers Chrétiens, de quelque condition qu’ils fussent, travaillaient, non pour s’amuser, mais pour faire du travail une occupation sérieuse, suivie et utile. L’ordre naturel, la pénitence imposée au premier homme, et en lui à toute sa postérité,